Hoda, la fille marocaine que j’ai rencontrée durant l’iftar au centre communautaire, m’a dit qu’il y avait un iftar chaque jour à la mosquée. Alors, je me suis décidée d’y aller pour essayer. J’ai mis ma djellaba marocaine avec capuchon, que mon père m’avait achetée, et un voile sur la tête, ainsi qu’un sac à taille et un sac à dos. Lorsque je suis arrivée, je n’ai trouvé que des hommes barbus, habillés de blanc, autour d’une table basse, en train de manger. J’ai regardé à droit et à gauche, cherchant des femmes, mais je n’ai trouvé personne sauf ces hommes. Alors, tout spontanément, je me suis mise à côté d’eux en croisant les jambes. Leur chef m’a regardé d’un air scandalisé, comme si je venais de commettre un crime horrible. Il m’a montré, calmement, du doigt un rideau, en me disant: «Les femmes, là-bas, derrière».
J’ai respecté les ordres de l’homme barbu, et je suis allée vers le rideau. Quelques minutes après, il est venu avec du jus d’orange, qu’il a versé dans mon verre, peut-être pour me réconcilier et alléger un peu la tension.
Derrière le rideau, il y avait trois femmes, deux jeunes et une vieille. L’une des deux jeunes femmes était asiatique et l’autre africaine. Quant à la vieille femme, elle était Marocaine. Je me suis entendue avec les plus jeunes à cause de l’âge et aussi parce qu’elles parlaient le français. La vieille femme essayait de parler l’arabe avec moi. Mais je ne comprenais rien de son dialecte. Elle voulait me demander si je vais faire «l’etikaf», c'est-à-dire passer la nuit à la mosquée pour faire des prières, et ensuite y dormir jusqu’au matin. Mais, je n’ai pas compris ce mot au début à cause de sa prononciation à la française bien qu’elle ne connaisse pas le français.
On est resté une demi-heure avec une conversation complètement bloquée à cause du mot qui était incompréhensible pour moi, bien qu’il soit un mot arabe et connu chez nous. La jeune Africaine a même essayé de m’aider, en s’asseyant à côté de la femme marocaine et l’interrogeant. Soudain, j’ai compris enfin ce qu’elle voulait dire; et j’ai prié Dieu pour qu’elle n’ouvre plus la bouche, car c’était «la peine des galères» pour moi. Et Dieu a exaucé mon vœu.
Cependant, plus tard, j’ai demandé à Hoda de me parler en arabe, car jusqu’à ce moment, on se parlait en français. Je voulais comprendre son dialecte et parler l’arabe à tout prix. Mais après quelques tentatives, je me sentais frustrée. J’allais aux magasins des Libanais, qui vendaient le chawermaou des souvenirs, expressément pour parler l’arabe.
Quant à mes habitudes durant le mois saint, je prenais d’abord du jus; ensuite, je cuisinais tard, vers neuf heures ou dix heures. Je me demandais pourquoi dès l’appel à la prière du maghreb, les gens se ruaient vers la nourriture, tandis que nous pouvions prendre notre temps. Au supermarché Mid-East Food Center, je trouvais tous les produits du Moyen-Orient. Il y avait pour le Ramadan:des dattes, des fruits secs, qamareldin (jus d’abricot sucré et séché) et tous les genres de pâtisseries orientales qu’ils appelaient tous «baklava» sans différence !
Mais, malgré toute l’ambiance que je m’efforçais de créer, ou d’autres essayaient de mettre, rien n’égale le Ramadan en Egypte!